Difficile de présenter en quelques lignes un ouvrage aussi riche et très documenté.
Dans ce livre Alain Debard retrace les évènements tragiques des guerres de religions sous le règne d’Henri III et qui se sont déroulés entre 1574 et 1589 en Velay-Vivarais, c’est-à-dire aux frontières des départements actuels de Haute-Loire et d’Ardèche.
Les villes du Puy-en-Velay et de Saint-Agrève sont les théâtres privilégiés de son étude.
A l’actif du farouche baron ligueur Saint-Vidal, gouverneur militaire du Velay puis du Gévaudan, l’éradication des hérétiques à la politique d’unification religieuse voulue par le Roi puis, plus tard, relayée par les ultras de la Sainte-Ligue Catholique. S’en suivent la ruine des villes et des
villages dans lesquels s’abritent les rebelles afin d’obtenir de force leur mort, leur conversion ou leur exil. On découvre aussi le nom des chefs du parti protestants : Jacques de Chambaud, né en 1559 au Château de Chambaud à Chalencon en Ardèche, nommé gouverneur du Vivarais en 1580. Il dirige les compagnies de soldats protestants. Ces soldats ne sont pas des militaires de métier mais bien souvent de simples laboureurs ou artisans. Il est secondé par le Capitaine Pierre Vacheresse et Denis de Romezin, Jacques des Hermens et bien d’autres encore.
Les sièges successifs de la ville de Saint-Agrève occupée par les protestants, notamment ceux de 1577 et 1580, tiennent une part importante du livre. Saint-Agrève, où les communautés protestantes et catholiques vivaient pourtant sans heurt. Mais c’était un exemple insupportable qu’il fallait réduire afin que d’autres villes ne fassent de même. L’évêque du Puy, Antoine de Saint-Nectaire, est pourtant partisan d’une politique d’apaisement, tout comme le duc Henri de Montmorency-Damville, connétable de France et gouverneur du Languedoc pendant cinquante et un ans, traumatisé par les massacres de la Saint-Barthélemy. Il soutiendra, pour un temps, les idées de paix et de tolérance pour les protestants. On se retrouve plongé dans l’histoire du moment, avec la description des lieux, des armées en présence et des armements,
mais aussi les exactions, les massacres effroyables du peuple des campagnes aggravés par des épisodes d’épidémies de peste récurrentes.
L’auteur a mené un travail de bénédictin. Il a compulsé, dépouillé, étudié, transcrit une foule de documents d’époque lors de ses recherches passées aux ADA et ADHL, notamment la volumineuse série C. Beaucoup de détails, trop peut être, on perd un peu le fil des évènements et la trame essentielle s’estompe parfois. On découvre, au fil de la lecture des pages du texte, des centaines de noms de familles protestantes et catholiques impliquées directement ou indirectement dans ces évènements tragiques. Une mine de renseignements pour les généalogistes.
« Cette plongée dans un passé de terreur, d’obscurantisme, d’extrémisme religieux, renvoie incidemment à notre actualité, rappelant que le combat pour la tolérance, l’humanisme n’est, hélas, jamais terminé. »
Jean-Claude Déaux

Editions du ROURE

prix 25 €