• 1REMAROUESSURLE MEMOIRE DE M. EBRUY

    par Morel Duvernet, alors étudiant à Lausanne (52)

    page 1: 151

    1°) Dans la page seconde, il est parlé de M. Meyssonnier. Il était Ministre à St Sauveur dans le bas Vivarais, comme le dit M. Ebruy. J’ai entendu parler de ce Ministre de la même manière qu’il en est parlé ici. J’ajouterai seulement ces deux choses sur son sujet :

    La première c’est que M. Meyssonnier persévéra depuis son changement jusqu’à la fin de sa vie dans la profession de la Religion C. Romaine. Il avait la réputation de n’être pas des plus éclairés, d’où vint que l’on avait fait ces deux vers Satyriques

    Meyssonnier gesticule de la tête et du bras
    Mais pour de l’éloquence, certes il n’en n’a pas

    (52): Mathieu Morel, Dit Duvernet (1710-1739), pasteur en Vivarais de 1737 à 1739 : Documents : Archives de l’Hérault C207.

    Il est né à Cros de Chêne, sur le plateau ardèchois, près de St Agrève, le 3 Avril 1710.

    Sa famille habitait alors Mesfraiches, au bord de l’actuel lac de Devesset (qui n’existait pas encore). Il a été baptisé le 12 Septembre 1728, par le Pasteur Pierre Durand, lors d’une assemblée au Désert, « sur la déclaration faite par son père qu’il n’avait pas été baptisé ». Il a été reçu Prédicateur au synode du Vivarais du 5 Avril 1730, autorisé par celui du 21 Octobre 1731 à aller se perfectionner au Séminaire de Lausanne où il fut consacré le 12 Novembre 1736. Il était donc à Lausanne quand il a écrit les « remarques sur le mémoire d’Ebruy“. C’est un homme intelligent et cultivé qui a le sens de l’organisation, et qui a laissé deux documents très riches : le premier est un « Mémoire des livres qui devraient être mis à disposition des ètudiants du séminaire » établi pendant son séjour à Lausanne ; le second, « relation de l’état présent des affaires qui touchent la religion dans le Vivarais en l’année 1737», était destiné à l’information des pays protestants. Il explique l’organisation des églises au Désert, précise les dangers auxquels sont exposés les Pasteurs et les fidèles, et conclut sur la grande misère des populations du Vivarais. (Archives BPU de Genève).

    Mathieu Morel est arrété à Lamastre le 14 Février 1739.

    Ce jour-là il était hébergé chez la veuve Peyron, au n°15, rue du Savel, si l’on en croît la tradition locale. Il devait précher dans une assemblée le lendemain.

    Le Ministre commet l’imprudence de se montrer à la fenêtre en jetant son eau de rasage « ayant encore la serviette au col ». Il est aperçu et dénoncé par une servante au curé qui fit porter une lettre anonyme à Jean de Reboulet, seigneur d’Urbilhac. Duvernet est arrété le 14 au soir, « parmi les fagots », alors qu’il cherchait à s’enfuir par le toit. Il déclara, conformément au consignes reçues à Lausanne, « qu’il était le Ministre, par la grâce de Dieu ». Il y aura en tout 7 prisonniers, enfermés pour la nuit au prieuré de Macheville, puis conduits le lendemain à Tournon. Le drame se produira pendant le trajet.

    L’assassinat, sans jugement, de Mathieu Morel :

    En chemin pour Tournon, les miliciens se rafraichissent à l’auberge des Trois-Croix d’Estezet. D’Urbilhac, auteur de l’arrestation, s’en est expliqué en disant qu’il voulait y prendre des chevaux pour la Peyron et le Ministre qui ne pouvaient plus marcher. Morel, avec la complicité probable de son gardien, coupa ses liens et s’enfuit. Les bourgeois de la milice tirérent et le tuèrent. On poursuivit la route jusqu’à Tournon, le corps de Morel sur le dos d’un cheval. Ainsi mourut tragiquement le Pasteur Mathieu Morel, le 14 Février 1739, à l’âge de 29 ans.

    la seconde, c’est que la famille de M. Meyssonnier a été et est aujourd’hui C. Romaine. Son fils est actuellement marié avec une femme sortie d’une famille autrefois protestante et bien que son mari fasse profession ouverte de la R. Cath, elle est pourtant bonne religionnaire dans le cœur, et elle ne va point à la messe.

    2°). Dans la même page On parle de M. Valette, Ministre apostat. J’ajoute à ce qu’a dit M. Ebruy que ce Ministre était pasteur d’Issamoulenc, du Gua et d’Ajoux, trois paroisses qui ne formaient qu’un corps d’église, qui n’avaient qu’un Temple, qu’un Consistoire et qu’un Ministre. M.Valette résidait actuellement dans sa maison qui est seule, assez près d’Issamoulenc, et à laquelle on donne le nom de Rochevive. Il persévéra dans la profession de la R.C. jusqu’à la fin de ses jours. Son fils est aujourd’hui protestant, mais il n’en exerce pas les fonctions et n’oserait point fréquenter les assemblées. Pour éviter de payer les amendes en dernier lieu, il contraignait ses enfants, c’est un fils et une fille, à aller à la Messe. Le garçon qui est un jeune homme d’environ 12 à 17 ans pleurait à chaudes larmes pour en être dispensé. Feu M. Durand en ayant été averti, écrivit au père une forte lettre là-dessus : ce qui fit qu’il laissa son fils libre pendant quelques mois, mais dans la suite, il continua à le forcer comme auparavant. Le même auteur* dont je viens de parler avait fait ces deux vers sur M.Valette

    La Valette du Gua, peu savant mais sincère,
    Parce qu’il écrit bien, on l’a mis secrétaire

    3°) La troisième page parle des trois Reboulets, Ministres. Ils étaient de Chomérac ou des environs. Je sais qu’ils étaient trois frères, mais j’ignore le nom de chacun d’eux. Celui qui apostasia demeura à Chomérac ou aux environs dans sa maison, jusqu’à la fin de ses jours et vécut toujours dans la R.C. Romaine. Il est mort il n’y a que quelques années : mais ce ne fut qu’avec des frayeurs et des agitations inexprimables. Je tiens ce fait de la bouche d’un jeune homme digne de foi, de la paroisse de Chomérac. Voici des vers du même auteur sur un des MM Reboulet

    Pour Reboulet l’aîné, grand tireur de volée.
    S’il prêche sans cracher, je perds ma renommée

    * : c’est-à-dire l’auteur des vers que j’ai mis plus haut, touchant M.Meyssonnier.


    (52): Mathieu Morel, Dit Duvernet (1710-1739), pasteur en Vivarais de 1737 à 1739 :
    Documents : Archives de l’Hérault C207.

    Il est né à Cros de Chêne, sur le plateau ardèchois, près de St Agrève, le 3 Avril 1710.
    Sa famille habitait alors Mesfraiches, au bord de l’actuel lac de Devesset (qui n’existait pas encore). Il a été baptisé le 12 Septembre 1728, par le Pasteur Pierre Durand, lors d’une assemblée au Désert, « sur la déclaration faite par son père qu’il n’avait pas été baptisé ». Il a été reçu Prédicateur au synode du Vivarais du 5 Avril 1730, autorisé par celui du 21 Octobre 1731 à aller se perfectionner au Séminaire de Lausanne où il fut consacré le 12 Novembre 1736. Il était donc à Lausanne quand il a écrit les « remarques sur le mémoire d’Ebruy“.
    C’est un homme intelligent et cultivé qui a le sens de l’organisation, et qui a laissé deux documents très riches : le premier est un « Mémoire des livres qui devraient être mis à disposition des ètudiants du séminaire » établi pendant son séjour à Lausanne ; le second, « relation de l’état présent des affaires qui touchent la religion dans le Vivarais en l’année 1737», était destiné à l’information des pays protestants. Il explique l’organisation des églises au Désert, précise les dangers auxquels sont exposés les Pasteurs et les fidèles, et conclut sur la grande misère des populations du Vivarais. (Archives BPU de Genève).

    Mathieu Morel est arrété à Lamastre le 14 Février 1739.
    Ce jour-là il était hébergé chez la veuve Peyron, au n°15, rue du Savel, si l’on en croît la tradition locale. Il devait précher dans une assemblée le lendemain.
    Le Ministre commet l’imprudence de se montrer à la fenêtre en jetant son eau de rasage « ayant encore la serviette au col ». Il est aperçu et dénoncé par une servante au curé qui fit porter une lettre anonyme à Jean de Reboulet, seigneur d’Urbilhac. Duvernet est arrété le 14 au soir, « parmi les fagots », alors qu’il cherchait à s’enfuir par le toit. Il déclara, conformément au consignes reçues à Lausanne, « qu’il était le Ministre, par la grâce de Dieu ». Il y aura en tout 7 prisonniers, enfermés pour la nuit au prieuré de Macheville, puis conduits le lendemain à Tournon. Le drame se produira pendant le trajet.

    L’assassinat, sans jugement, de Mathieu Morel :
    En chemin pour Tournon, les miliciens se rafraichissent à l’auberge des Trois-Croix d’Estezet. D’Urbilhac, auteur de l’arrestation, s’en est expliqué en disant qu’il voulait y prendre des chevaux pour la Peyron et le Ministre qui ne pouvaient plus marcher. Morel, avec la complicité probable de son gardien, coupa ses liens et s’enfuit. Les bourgeois de la milice tirérent et le tuèrent. On poursuivit la route jusqu’à Tournon, le corps de Morel sur le dos d’un cheval. Ainsi mourut tragiquement le Pasteur Mathieu Morel, le 14 Février 1739, à l’âge de 29 ans.

    Son corps fut inhumé au lieu dit « Le Manège », devant la cathédrale St Julien de Tournon, rejoint bientôt par celui du Pasteur Fauriel Lassagne, blessé mortellement à St Félix de Chateauneuf en Août 1739.

    Une bavure de la milice bourgeoise.
    A Montpellier et à Paris on craint une erreur. M. de Bernage, intendant du Languedoc, écrit le 27 Mai 1739 à M. Dumolard, subdélégué basé à Tournon, un courrier très critique :
    « J’ai examiné la procèdure… et j’ai été fâché d’y trouver des défauts essentiels… Le parti ordinaire dans ce cas de procédure serait de la casser et d’en refaire une nouvelle, mais pour prévenir la peine qu’un pareil parti pourrait vous faire, je prendrai celui d’autoriser par un arrêt tout ce qui se trouve de bon dans l’instruction…en attendant il faut garder les prisonniers en sureté… Marquez … comment ils subsistent dans les prisons et si on leur donne le pain du Roi ». La Cour de Louis XV accepta de couvrir la bavure.

    La condamnation à mort de feu Mathieu Morel.
    Le jugement du 8 Février 1740, déclare : « feu Mathieu Morel convaincu d’avoir préché, catéchisé, fait des baptèmes et des mariages, pour réparation de quoi sa mémoire demeurera éteinte, supprimée et condamnée à perpétuité… »

    Les chasseurs de primes :
    L’appât de la prime fixée à 3 000 livres par l’ordonnance de 1728 expliquait la dénonciation par la servante et l’empressement d’Urbilhac qui en réclamait pour lui seul le paiement. Par une lettre du 18 Octobre 1740, les autres participants à la capture de Duvernet supplient M. de Bernage de leur en attribuer une partie. En raison de cette avidité macabre, la répartition ne sera faite que le 22 Juin 1741: 1500 à Urbilhac, 200 à la servante [une année de gages !], 300 à chaque bourgeois et 100 aux paysans de Lamastre qui ont investi la maison de la Peyron. [Une livre = une journée de travail]. Les N.C. de la région payèrent, au prorata de leurs biens, sous peine de garnison, les 3000 livres d’amendes destinés aux auteurs du crime : Desaignes 1531, Lamastre 514, Macheville 85, Retourtour 87, Labatie et St Jeure d’Andaure 539, St Basile 320.

  • 2page 2 : 152Un de Ces MM. Reboulet prêcha à St Voy en Velay mais ce n’était que par entrepôts et il n’y prêcha que bien peu de temps.

    4°) La quatrième page parle de Viallete, la maison de cet honnête homme qui porte le même nom, et qui est une maison seule, est située à l’occident et à environ une lieue du Doux, petite rivière dans le haut-Vivarais. Je ne sais pas sur le compte de Viallete tant de circonstances que M. Ebruy, mais en général, je sais qu’il souffrit beaucoup pour la Religion et qu’il mourut à la tour de Constance : c’est ce que je tiens de la propre bouche d’une de ses filles nommée Marie qui prêchait. J’ai ouï dire à mon Père que Viallete ne changea jamais de Religion et que la famille de M. Charrier du lieu de Crotte paroisse de St Agrève avec celle de Viallete étaient les seules qui avaient persévéré constamment dans la Religion. Je ne dois pas oublier un trait qui fait beaucoup d’honneur à Vallette, c’est qu’il faisait prier Dieu et lire un ou plusieurs chapitres de l’Ecriture Sainte dans sa famille, le matin, à midi, le Soir : tantôt c’était lui-même qui lisait, tantôt c’était quelqu’un de ses enfants ou un autre de la famille, coutume qui était religieusement observée même dans la saison où l’on a à faire les travaux les plus pressants. Pour pouvoir, en liberté, faire les exercices de dévotion il n’avait jamais que des domestiques protestants, de l’édification et de l’instruction desquels il prenait des grands soins. C’est ce que je sais par une homme digne de foi qui a demeuré dans cette maison comme domestique et par un Réfugié honnête homme. Ce dernier m’a appris qu’une des tantes de Viallette mourut à Carcassonne dans le Bas Languedoc pour cause de Religion. Le greffier dont parle M. Ebruy est M. Rochet, catholique romain du lieu et paroisse de la Bâtie d’ Andaure sur le Doux. Les Camisards de 1709 logèrent dans cette maison : ce qui fit que quelques temps après on y envoya des grenadiers qui, entre autres ravages qu’ils y firent, tuèrent une des soeurs de Vallette le père et tante de ses fils qui y sont aujourd’hui. J’ignore le nom de baptême du père ; et je sais seulement que son aîné qui est actuellement maître de la maison de la Viallete se nomme Pierre. Il est protestant et marche sur les traces de son père. Ce qui est, ici, digne d’attention c’est que bien que la maison de Vallette fut exposée au pillage comme on vient de le lire, elle s’est soutenue et possède beaucoup de biens. Ne semble-t-il pas qu’on peut dire que c’est la vraie marque de la protection particulière de Dieu, et l’on voit ici accomplice que dit St Paul que la piété a les promesses de la vie présente et de la vie à venir. # Comme M. Ebruy ne dit rien de la famille de Charrier de Crotte, il faut en peu de mots faire la narration de ce qui se passa sur son compte J’ai déjà dit que M. Charrier ne voulut point faire abjuration. Il eut le même sort que Viallette et fut errant là où la Providence jugea à propos de le conduire. Toute sa famille prit aussi la fuite, exceptée une des filles fort jeune qui demeura dans la maison. On y envoya des gens de guerre qui pillèrent tout et enfin la maison fut démolie. Quelques temps après que la fureur de la persécution fut apaisée,

    # souligné dans le texte.

  • 3page 3:153M. Charrier fit rebâtir sa maison et y habita sans qu’il fut inquiété. On tient de la bouche d’une de ses filles qui mourut l’année passée, qu’à la sollicitation de M. de St Agrève, son père consentit à envoyer sous son nom un homme à Montpellier, qui se disant Charrier de Crotte, déclara qu’il abjurait la Religion. J’ignore si ce fut avant ou après qu’il eut fait rebâtir sa maison. Je souhaiterais de mieux circonstancier les faits et de marquer avec plus d’exactitude les dates. Mais pour le coup je n’en sais pas davantage et il convient mieux sans doute de me taire que de dire des choses peu certaines. Voilà ce que je tiens du Réfugié qui est M.C. Il faut seulement ajouter à tout ceci, qu’avant que la maison Charrier fut exposée à la merci des gens de guerre, il avait transporté, en cachette, plusieurs de ses meubles qui valaient beaucoup, chez un catholique romain nommé Barjon (53), habitant une maison du même nom et son plus proche voisin. Dans ce temps là, on publia à St Agrève que ceux qui avaient reçu chez eux des meubles des protestants fugitifs devaient sous les plus grosses peines en avertir ; Barjon alla dire à M. de Clavières, colonel d’infanterie, qu’il avait dans sa maison quelques meubles appartenant à Charrier. M. de Clavières les envoya chercher sur le champ, mais quoique Barjon n’en eut déclaré que la moindre partie, il fut assez malhonnête dans la suite pour refuser de rendre le reste du dépôt qui lui avait été confié.

    5°). La page 6 parle d’Isabeau Vincent. J’ai ouï souvent dire à mon père que c’était la première prophétesse dont il entendait parler après la révocation de l’Edit. Elle commença sans doute d’avoir des visions en 1689 ou 1690 pour le plus tard.

    6°) J’ai souvent entendu raconter l’histoire de la mort de M.Tirbon à peu près comme M. Ebruy la racontait dans la page huitième de son mémoire.

    7*) Le peu de choses qu’il dit dans la page 10 sur la fameuse Assemblée du serre de la Palle sont toutes véritables. C’était dans la paroisse de St Cierge la Serre et bien d’autres endroits que les soldats montrèrent à leur retour les doigts des femmes qu’ils avaient coupés pour avoir les bagues. Je ne crois pas qu’on ait su jusqu’à aujourd’hui bien précisément le nombre des morts qui restèrent sur la place. On croit en gros qu’il y en pouvait voir environ 300. Il est bien certain qu’on fit plusieurs prisonniers et si quelques uns ont cru le contraire comme M. Ebruy semble l’insinuer, ils se sont trompés. L’Auteur ou un des Auteurs de l’Assemblée de Tauzuc était Valette de la paroisse de St. Vincent de Durfort dans le Bas-Vivarais.


    (53) : Le hameau de Barion, composé de plusieurs fermes dans les années 1900, est aujourd’hui totalement en ruine. Par contre la ferme de Crotte, à moins d’un km de Barjon, existe toujours. Une de ses portes est ornée d’un linteau sculpté, comme il en existe beaucoup sur le plateau ardéchois, l’un des plus anciens connus, qui porte, ecrit sur 3 lignes : « Au nom de Dieu, sous l’an 1637, I CPV ABSTI ».

  • 4page 4: 154Un des premiers moteurs de celle du serre de la Palle était La Branche du lieu de Talussac dans la paroisse de Gluiras [St Pierreville]. Mais comme ce ne sont ici que des remarques, je ne m’étends pas là-dessus.

    8°). On m’a rapporté l’histoire de l’Assemblée du ruisseau de Veye avec plusieurs autres circonstances, de la même manière que le raconte M. Ebruy dans la page 10, autant que je puisse m’en souvenir.
    Il faut seulement remarquer qu’au lieu de l’an 1702 ou 1703 c’était en 1701, le 14 septembre. C’est une date dont je me souviens parfaitement. L’endroit où se fit l’Assemblée est au-dessous et par conséquent au midi de St Sauveur. Gaspard qui était de la Bâtie de Crussol, comme le dit M. Ebruy était en veste parce qu’il faisait chaud et se disposait à prêcher lorsque les gens de guerre fondirent sur l’Assemblée. La femme de Baix, nommée Jourdanne était à Privas au moment où cela se passait à Veye. Elle vit en songe l’Assemblée formée et prise par les gens de guerre : elle déclara son songe à celles qui étaient auprès d’elle avant qu’on eut appris à Privas la prise de l’Assemblée, ajoutant qu’infailliblement une Assemblée avait été prise.

    9°) j’ai entendu raconter l’histoire de la prise de Cocadon avec presque toutes les circonstances qui se lisent dans la page 12 du mémoire de M. Ebruy. On y ajoutait seulement celle-ci qui est : qu’incontinent qu’on lui eut coupé le poing, il avança la main gauche pour lever la main droite qui était tombée à terre.

    10°) Les choses contenues dans la page 19 touchant la maison des Badons m’ont été rapportées à peu près de même par celle qui est aujourd’hui la maîtresse de la maison et qui n’était qu’une enfant alors. Les Badons c’est une maison seule au-dessous et dans la paroisse de Mounens dans le haut Vivarais.

    Je n’ai écrit dans ces remarques que des choses dont je suis bien informé par des personnes dignes de foi. Je n’ai au juste rien remarqué dans le mémoire de M. Ebruy qui ne soit conforme à la vérité et à ce que j’ai appris des personnes qui se souviennent des faits, comme je l’ai dit, sur les endroits auxquels comme on vient de le voir, j’ai suppléé des circonstances que M. Ebruy avait omises. Il en rapporte d’autres dont je n’ai point entendu parler et sur lesquelles par conséquent je n’ai rien à dire.

    Ce 17AOût 1735 Morel dit Duvernet

  • 5page 5: 155Louis Mercier m’a assuré qu’Astier* fut pendu à Baix en Vivarais où étaient Monsieur de Broglie, [le subdélégué de] l’Intendant et le duc de Ventadour, que [le subdélégué de] l’Intendant lui fit donner l’estrapade en leur présence et celle de plusieurs dames en guise de divertissement, qu’Astier en tombant et souffrant de douleurs aiguës criait miséricorde ; ce qui excitait les risées des spectateurs, mais qu’enfin le duc de Ventadour touché de compassion et de colère demanda si on n’aurait pas pitié d’un chien et menaça Du Molard

    *Ce devait être Louis Valette

    L’affaire de Franchassis
    Louis Mercier m’a dit qu’il y était, qu’ils furent découverts par un nommé Bouchet de Privas et une demoiselle de La Cheysserie, que la sentinelle les ayant laissée passer, [ils] trouvèrent sur leur chemin Julien qui s’en allait à Gluiras, et qui sur les avis de ces dénonciateurs dirigea sa marche vers Franchassis. Celui qui commandait était Abraham d’Arc [Charmasson] qui avait pris le nom de Cavalier, il y avait aussi St Jean ou Dortial. Ils firent une faible résistance. Julien fit mourir un Lassagne, la tante d’un nommé Sause et les 3 soeurs dudit Sause avec plusieurs autres, fit brûler et piller le lieu. Les Camisards mirent le feu à la maison du nommé Retournac de St Fortunat, il était notaire, avait été de la Religion mais il était persécuteur. Dortial donna les ordres de cette expédition. Louis Mercier y était présent. C’est apparemment de Retounac que Louvreleuil veut parler Tome 2 page 12 (54).


    (54) :JB Louvreleul, curé de St Germain de Calberte, avait, en 1703, écrit « Histoire du fanatisme renouvelé », édité à Avignon. Cette page 155 a probablement été écrite par Antoine Court.

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